Bonne humeur, humilité, audace… Et si vous innoviez en exhumant des aptitudes originales? Derrière un CV bien léché, DRH et managers aiment percer, en entretien, la richesse d’une personnalité. Conseils d’experts.
Un descriptif de poste ne raconte pas tout ce qu’un recruteur recherche sur le marché, surtout en termes de “soft-skills”, les qualités humaines et relationnellles. Il a des attentes non clarifiées, subconscientes même, observent les experts. “Or, en entretien, trop de candidats se contentent de reprendre par point par point le libellé d’une annonce, déplore Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet de recrutement Clémentine. Ils ont les bons mots, les bonnes réponses comme devant un jury d’examen. Du coup, ils semblent lisses, voire creux aux yeux des DRH et des managers. Les postulants ont intérêt à se dévoiler afin de donner du relief à leur profil.”
Sortir des termes convenus – “rigoureux, adaptable, dynamique, ayant l’esprit d’équipe” – est aussi le conseil de Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half. “Il faut oser s’aventurer sur le terrain personnel en restant authentique, exemples vécus et pertinents à l’appui”, insiste-t-il. Avant toute rencontre, mieux vaut identifier et lister, avec l’aide de tiers, ces qualités humaines qui vous définissent. Vous en émaillerez votre discours au fil de l’eau. En voici huit, appréciées des employeurs à condition qu’elles ne tombent pas dans l’excès.
1. La bonne humeur
“La dimension plaisir est très attendue, assure Emmanuel Stanislas, même si les DRH soucieux du bien-être au travail ne le formulent pas ainsi.” Faire rire, être capable de détendre l’atmosphère, faire preuve d’humour à bon escient constitue un atout. Cela aide une équipe à traverser les moments difficiles et lui permet de prendre les choses du bon côté, avec recul. En outre, un tel don attire, les gens suivent le boute-en-train pensant “avec lui, on passera un bon moment”. Vous pouvez déclarer: “je suis un garçon joyeux”. Ou “pour moi, la qualité de l’ambiance est importante”, voire “j’ai l’esprit ludique”.
2. L’humilité
“Chez LVMH par exemple, ou d’autres groupes internationaux, c’est une qualité primordiale, affirme Catherine Euvrard, PDG du cabinet de chasseurs de têtes CE Consultants. On n’estime pas les collaborateurs qui font cavaliers seuls, prêts à écraser les autres pour arriver.” Même si on approuve le talent de savoir se vendre. Lorsque vous expliquez vos belles réussites et vos ambitions, glissez “je sais ce que je vaux, mais je resterai toujours humble”.
3. L’audace
“Quelle est la chose la plus culottée que vous ayez faite?” Olivier Dézé, directeur associé du groupe William Saint-Clair, pose quasi systématiquement la question aux candidats. “Oser, prendre des risques est une faculté prisée chez les commerciaux, mais pas seulement, explique-t-il. L’entreprise a besoin partout de gens qui expérimentent, qui innovent.” “L’audace est ce qui manque le plus, observe de son côté Catherine Euvrard. Beaucoup de ceux que je reçois sont dans le “ne pas”: “je ne peux pas”, “je ne sais pas”… Sans aller jusqu’à la transgression, être apte à aborder les choses différemment est une valeur ajoutée”. Dites: “j’aime bouger les lignes pour avancer” ou “j’aime sortir des sentiers battus”.
4. La stabilité émotionnelle
Savoir laisser ses soucis privés au vestiaire, dominer son stress ou calmer sa colère sont des qualités à souligner. Personne ne désire partager le bureau d’un caractériel, surtout que les DRH sont attentifs aux risques psycho-sociaux. “Le manager capable d’être ferme quand ça ne va pas et de retrouver illico le sourire une fois les choses dites montre qu’il sait neutraliser ses émotions négatives et qu’il est doté d’une grande agilité intellectuelle”, résume Fabrice Coudray. Ce qui ne signifie pas manquer de sensibilité. Illustrez cet aspect par des situations.
5. L’endurance
Laisser entendre que l’on est de taille à travailler à un rythme effréné pour obtenir un résultat effrayera. Parce que la suffocation et le burn-out ne sont pas loin. “En revanche, savoir doser son effort ou donner un coup de collier quand il le faut est signe de maturité, souligne Fabrice Coudray chez Robert Half. Cela rassure le recruteur qui sait que le candidat n’arrêtera pas un projet au beau milieu”. Spécifiez plutôt, “j’ai une grosse capacité de travail que je maîtrise”.
6. Le goût du détail
L’esprit de synthèse est un classique dans l’exposé de ses compétences, mais s’il va de pair avec l’art de vérifier et de valider dans tous ses aspects la qualité de sa production, c’est mieux. Car parfois les sujets sont survolés, bâclés et l’entreprise aime le solide, le sérieux. “En outre, le manager qui est dans cette posture est à même de l’avoir aussi pour ceux qui occupent les poste en dessous”, souligne Fabrice Coudray. Une sécurité pour la hiérarchie. Alors dites: “j’aime contrôler derrière la virgule”. Ou: “je suis pointilleux sur les dossiers complexes”.
7. Le sens de la confidentialité
“Le bavardage, c’est le mal du siècle, estime Catherine Euvrard, chez CE Consultants. On raconte tout à tout le monde. Alors savoir tenir sa langue sur des informations sensibles est hautement apprécié par mes clients.” Vous ne participez pas à radio-moquette? Vous ne piquez pas l’idée du voisin? Vous ne médisez pas? Affichez la couleur. “Je suis quelqu’un de confiance” ou “je suis loyal, j’agis en toute transparence”.
8. La passion
Il ne suffit pas d’égrener vos hobbies pour établir le contact et séduire vos interlocuteurs. Ils ont envie de repérer vos vrais moteurs dans l’existence. Collectionneur de timbres ou fan d’aéromodélisme, révélez ce qui vous fait vibrer dans cette activité. “A l’écoute d’un récit animé, on en retire deux choses, explique Fabrice Coudray: le candidat peut s’engager de la même façon dans son métier et il peut se ressourcer en dehors du bureau.” Habitez votre sujet, soyez enthousiaste. Parlez avec le coeur, c’est votre meilleure arme.
Extrait article http://www.lexpress.fr/emploi/conseils-emploi/huit-competences-auxquelles-vous-ne-pensez-pas-en-entretien-d-embauche_1623193.html